Rose
So Like A Rose. Je n'avais jamais pris la peine d'écouter ce titre convenablement, n'étant pas naturellement attirée par les mélodies dépouillées en dehors de l'electro minimale et de quelques morceaux. Tellement ascétique et terrifiant de beauté. Il doit être écrit quelque part que mes chocs musicaux se passent la nuit, de préférence en voiture. Parmi les plus beaux moments de mon existence, de quiétude, quand mon esprit fait corps avec l'univers tout entier me semble-t-il. Quand j'ai confiance et que je n'ai plus peur pour le château. Quand tout est possible, quand je remercie les cieux, quand ce bleu nuit m'enveloppe et me rassure.
Je crois que c'est pour cela que je déteste autant les critiques musicaux. Il ne savent pas ressentir, penser, exploser, se fondre dans la mélodie, ou ils l'ont oublié, ou pire encore se conforment à une position en ignorant ces chocs émotionnels. Et les auditeurs s'y mettent également, évaluent une "qualité", en une à cinq étoiles comme on note un vendeur sur Ebay. Reproches, remarques techniques, mise en contexte, reconstitution des faits. Diantre, c'est une oeuvre, pas une scène de crime. Voilà ce que je reprochais déjà aux critiques littéraires, aux enseignants qui m'ont conduite peu à peu à oublier de lire pendant plusieurs années. Dégoût profond. Décortiquer, analyser, mettre à plat, structurer. Je garde le ressenti.
Ces moments sont relativement rares mais intenses. De la douceur d'Occitania de Hutin qui m'apaise toujours. De la voix rocailleuse de Stephan Eicher qui se fait murmure et me berce. De la magie de Black Celebration un soir d'un jour essentiel. Du choc de Only When I Lose Myself quand l'esprit et la musique font corps, si je puis dire. De la délicatesse d'Insight qui me fait sentir l'Invisible si profondément. So Like A Rose...
It's a kind of magic. Ne pas redescendre trop vite.